Une fourmi est collée à mon vêtement. Ses mandibules semblent
coincées dans les fibres. Je l'extirpe difficilement. Elle remue à
peine. Une patte est coupée. Deux autres sont inertes. Dois-je
abréger ses souffrances ? Dois-je lui laisser une chance ?
Elle gesticule maladroitement à la surface du lavabo humide. Le
temps d'une douche décidera de son sort...
Elle a récupéré,
elle marche. Sa détermination lui a sauvé la vie. Elle s'envole,
accrochée à une feuille blanche, dans la nuit qu'elle n'aurait
jamais dû quitter.
Quelques soient
nos intentions, dans le mystère de nos actes, et dans notre
estimation du bien et du mal, il subsiste un doute salvateur. A
l'écoute de ce doute, nous laissons le temps faire son œuvre. Il y
a toujours une condition à la chance. Il nous appartient de
l'exprimer en des termes qui nous permettent de l'entrevoir et de la
saisir.
Pour laisser une chance, il faut l'imaginer.