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dimanche 12 novembre 2017

Addiction et malaise social

La psychologie moderne tend à pathologiser tout et n'importe quoi, comme l'othorexie, l'obsession de manger sain. Cet étiquetage sert, dans ce cas, les intérêts des producteurs agrochimiques. Tout comportement excessif peut devenir pathologique. Ici, je m'interroge sur le phénomène des Apple addict par le biais de la vidéo ci-dessous.


Le terme addiction y semble excessif selon les références habituelles, mais les symptômes de compulsion (une impulsion irrésistible d’accomplir un acte irrationnel) et d'obsession (une intrusion persistante et dérangeante ou obnubilation anxieuse et irrépressible avec une connotation déraisonnable) sont réunis. Cela amène alors de nombreuses questions. Comment en est-on arrivé là ? A ce niveau de ridicule ? Y a-t-il des signaux subliminaux dans les appareils d'Apple ? Est-ce simplement un phénomène de marque ? Est-ce le substitut d'un vide intérieur, ou d'un besoin de reconnaissance sociale ? Cela se rapproche d'une adoration sectaire, du sentiment d'appartenance à une communauté, d'une classe sociale capable de claquer un smic pour une mise à jour aussi éphémère que fragile. Un tel phénomène peut-il se concevoir de manière individuelle ? Comme une addiction à l'alcool ou au jeu, seul face à sa bouteille ou une machine à sous.

Apparemment ce problème ne date pas d'hier, d'après cet article : https://www.cairn.info/revue-pensee-plurielle-2010-1-page-25.htm. Il s'agirait essentiellement d'une grave carence sociale liée à un sentiment d'insécurité et de carences psychiques, de la recherche d'un objet de compensation devenu vital. Cela dérive en une aliénation socio-économique. Marx parle de fétichisme de la marchandise, où le produit devient l'objet d'un culte, une religion.

C'est vraiment du beau travail pour en arriver là

Selon Bourdieu, l’individu tend à reproduire les pratiques de sa classe sociale dans un phénomène de « reproduction ».  Il reproduit les règles sociales, les pratiques de ses pairs qui se sentent au-dessus des lois créées pour la masse des citoyens. Il se considère être membre de l’élite, donc au-dessus de cette masse.

Dans une société malade, les addictions peuvent prendre de nombreuses formes. Apple ne fait que profiter du désarroi de notre civilisation. Oui, ça en devient ridicule et pathologique, mais chacun d'entre nous n'est pas à l'abri d'autres formes d'addiction, d'attitudes compulsives, obsessionnelles, à différents degrés et différents objets, comme une addiction à facebook ou une utilisation compulsive de son smartphone.

Les problèmes de société sont nos problèmes, et si nous n'y répondons pas collectivement, nous ne pourrons plus répondre à nos propres problèmes personnels, à des failles béantes qui seront alors exploitées aisément. Ce système nous fragilise, nous rend malade et nous abêtit, ceci s'aggravant avec le temps, au fil des nouvelles générations naissant dans un monde de plus en plus déconnecté de nos vrais besoins humains, soumis à des règles aliénantes.

Comme le disait ce bon vieux Krishnamurti "Ce n'est pas un signe de bonne santé mentale que d'être adapté à une société malade". Quand est-ce qu'on n'arrête d'accepter de devenir fou et qu'on remet les choses dans l'ordre ? Parce qu'à un moment donné, on n'aura plus toute notre tête pour ça.

samedi 5 mai 2012

Incompréhension

Comprendre ou ne pas comprendre.
Soit on ne veut pas comprendre, soit on cherche à ne comprendre que ce qui arrangerait notre ego.

Notre vie est une oeuvre d'art. Doit-on comprendre quelque chose de précis à une oeuvre d'art ? On y voit un écho à notre sensibilité. On peut saisir une impression indéfinissable que notre conscience ne comprend pas. L'âme comprend ce que notre conscience n'appréhende pas. Au lieu de cibler notre impression on cible notre incompréhension. On se bloque sur ce qui nous échappe. L'important est de définir le compréhensible, de suivre la piste des détails évidents, plutôt que de conserver un regard lointain sur un ensemble incompréhensible. En touchant du doigt une partie du problème on ébranle l'ensemble de la problématique, comme si on touchait l'accélérateur d'un moteur.

Le visible et l'invisible.

La vision d'ensemble d'un moteur sans regarder en détail chaque partie mécanique et leurs relations est curieuse. On voit l'effet de propulsion de la machine mais on ne comprend pas sa bonne mise en marche. Si personne ne nous dit qu'il faut de l'essence, on laisserait de côté le moteur en le considérant inutile. Un moteur n'est utile que lorsqu'on le met en route, et qu'on peut l'entretenir à cette fin. Il est alors nécessaire de comprendre son fonctionnement, de poser les bonnes questions au bon endroit. Avec quelques informations on peut se satisfaire de raccourcis de compréhension lacunaire. Inutile de comprendre en détail notre corps humain pour le faire marcher. Pourtant l'entité du corps a conscience de sa mécanique. La proprioception naturelle permet un équilibre biologique nécessaire et suffisant. La plupart de nos maux psychosomatiques est liée à l'incompréhension de notre conscience, telle une électronique défaillante qui ferait barrage à la bonne marche de la mécanique.

On m'a souvent dit "Je ne te comprends pas" au moment où il y avait un problème. L'incompréhension devenait une arme efficace et aiguisée, un mur sécurisant entre deux mondes, le compréhensible familier et l'incompréhensible rejeté à l'extérieur. Avant qu'un problème se pose dans la relation (conflits d'intérêts, mécanismes de défense ou autre) on ne pose pas vraiment de questions, on accepte l'autre tel qu'il est, on vit avec, la confiance suffisant à combler une compréhension consciente lacunaire d'autrui.


Je t'aime moi non plus.